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Le Congo est traversé par l'Equateur.
Il y fait chaud (très chaud) et humide (très humide). La forêt
équatoriale couvre la moitié de sa superficie, rendant
très difficile toute forme d'exploitation agricole. Heureusement,
au rythme où Malaisiens et autres coupent la forêt primaire
"à blanc" (terme technique forestier) et ne replantent
rien, la superficie totale des terres arrables devrait bientôt être
très suffisante. |
L'agriculture est essentiellement vivrière
: manioc (60% des terres ciltivées), patates douces et tubercules,
mais aussi canne à sucre. La plupart des exportations agricoles ont
cessé lors de la dernière guerre et n'ont pas repris depuis,
à part le sucre et un peu de café. Le pays est un gros importateur
de riz, de viande... |
On ne peut pas aborder ce chapitre des ressources du Congo sans parler de pétrole. Il constitue plus de 90% des exportations du pays. Depuis quelques années, on découvre régulièrement de nouveaux gisements. En mer, toujours, et désormais à terre. Cela fait du Congo et de quelques autres pays de la région des républiques pétrolières (à défaut de bananes). Tous ces pays sont très riches, regorgeant de ressources naturelles. |
Plus de la moitié de la population
vit dans les deux plus grandes villes du pays, la capitale politique Brazzaville et la capitale économique Pointe-Noire. |
La population congolaise est, à
l'instar des pays voisins, composée de plusieurs groupes ethniques
: laris, tékés, villis, mbochis. Pourtant, comme au Gabon,
la population y est homogène puisque toutes les langues
congolaises, à l'exception du français, sont des langues bantoues.
Seuls quelques groupes pygmées, les plus anciens habitants de la
région, ont gardé une langue proche de celle que leurs ancêtres
parlaient avant l'expansion bantoue. Les principales langues congolaises
sont, donc, le kimputu (français !), le lingala (langue
de Brazzaville et du Nord, également parlée à Kinshasa
et sur la majorité du territoire zaïrois) et le munukutuba
(langue de Pointe-Noire et du Sud). |
Histoire |
Avant la "découverte"
de la région par les Européens, existaient deux grands royaumes
bantous, le Kongo et le Loango (celui-ci étant vassal
de celui-là). A l'arrivée des portugais vers le milieu du
15ème siècle, les relations furent cordiales... pendant une
cinquantaine d'années. Les pressions économiques et démographiques,
avec la traite, ont fini par détruire le royaume Kongo et
mettre le Loango à genoux. |
La colonisation française | ![]() |
Puis vint Pierre
Savorgnan de Brazza, en 1880. D'origine italienne, officier de la Marine
Française, franc-maçon(*) et ennemi déclaré
de l'esclavage. On rapporte ainsi l'anecdote de la création de Libreville,
capitale de l'actuel Gabon. Cette ville fut fondée par un groupe
d'esclaves embarqués sur un navire hollandais qui a été
attaqué par un bateau de Brazza. Les esclaves furent libérés
et déposés sur la plage où ils s'installèrent.
Le Congo a la particularité d'avoir été colonisé
sans presque d'effusion de sang, à coups de menaces, d'accords commerciaux
et de cession de terres. |
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(*)Actualité : on construit actuellement, à Brazzaville, un mausolée destiné à recueillir les restes de Pierre Savorgnan de Brazza. À l'occasion de son inauguration, il est prévu une grand-messe avec la participation de nos bien-aimés Sassou et Chirac. Cela ressemble fort à une tentative de récupération à bon compte de l'héritage humaniste de Brazza. La franc-maçonnerie façon clique mafieuse a beaucoup de succès en Afrique, comme ailleurs, et tend à masquer l'existence d'autres loges plus respectueuses de cet héritage. | |
Cette prise de contact plutôt
douce entre le Congo et La France a fait long feu. La politique des concessions
attribua très vite et sans contrôle la gestion des ressources
coloniales à |
des compagnies privées qui mirent
l'Afrique Centrale à feu et à sang pour en faire couler du
caoutchouc. C'était l'époque glorieuse des débuts de
l'automobile et il fallait des pneus. Les anecdotes sont nombreuses de bastonnades,
de mains coupées, de massacres pour qui ne ramenait pas son quota
de la précieuse sève. |
Vint aussi la première guerre mondiale et son cortège d'enrôlements, de morts et d'infirmes. |
"Enfin", la construction du Chemin de Fer Congo-Océan a, dit-on, coûté une
vie par traverse posée, sur 511 km à travers le massif du
Mayombe. 12 tunnels, dont un de 1,7 km, 172 ponts et viaducs, dont 80 de
plus de 10 m, en pleine forêt équatoriale. On "recruta"
des Congolais qui arrivaient souvent sur les chantiers la corde au cou.
Les indigènes locaux se faisant rares, on importa des Centrafricains,
des Camerounais puis des Tchadiens par dizaines de milliers. Deux gares
dans le Mayombe, Les Saras et Les Bambas, rappellent la présence
dans cette aventure d'hommes et de femmes venus du Tchad et de Centrafrique.
On ne comptait pas les morts et les sources ne concordent pas. Une des sources,
administrative, rassemblait dans un même compte morbide les morts
et les blessés incapables de reprendre le travail, sous le délicieux
vocable de "déchets". |
Le chiffre retenu par les spécialistes
est autour de 20 000 morts, dues aux maladies, aux accidents, à
la malnutrition et à la pénibilité du travail. 15%
des effectifs engagés dans cette guerre contre la nature sont perdus.
On y est allé un peu légèrement sur les investissements
humains. Cet effroyable massacre a pris fin lorsque deux hommes de plume
français, l'écrivain André Gide et le journaliste
Albert Londres, joignèrent leurs écrits aux rapports
confidentiels des fonctionnaires pour faire savoir à l'opinion publique
de France ce qui était fait en son nom. Gide avait assisté
à des scènes de recrutement-chasse à l'homme au Tchad
et Londres avait visité des chantiers du CFCO. Pour terminer le travail,
on fit venir des Chinois et, surtout, des machines. |
Monseigneur Augouard, évêque
français et tout premier responsable des missionnaires catholiques
du Congo, écrivait déjà en 1902, plus de 20 ans avant
le Congo-Océan : |
"Il faut bien avouer
que le Noir ne connaît de la civilisation que la douane et les coups |
de fusil et il ne faut
pas lui reprocher de ne pas courir auprès de pareils bienfaits." |
Quelques années après la
fin de la construction du CFCO, survient la Deuxième Guerre mondiale.
Là, l'Afrique Centrale s'est distinguée et a particulièrement
mérité de la Mère Patrie. Le Tchad, sous le gouvernorat
de Félix Eboué, a été le premier territoire
français à se rallier à Charles De Gaulle, suivi
de près par le Moyen-Congo (Congo), l'Oubangui-Chari
(Centrafrique) et le Cameroun. Brazzaville fut ainsi pendant quelques
mois, en temps que capitale de l'Afrique Equatoriale Française,
capitale de la France Libre et résidence officielle du général
De Gaulle. |
Des Congolais, enrôlés comme
beaucoup d'Africains dans les régiments de tirailleurs "sénégalais",
participèrent à la libération de la France. Ainsi,
ironie de l'histoire, la 9ème Division d'Infanterie Coloniale (aujourd'hui 9ème DIMa, Infanterie de Marine), division de nègres
commandée par des alcooliques selon la propagande allemande de
l'époque, partit de Ndjaména avec l'armée Leclerc et
libéra entre autres la ville de Toulon. Les Toulonnais devraient
observer un devoir de mémoire et arrêter de voter pour n'importe
qui. Elle arriva jusque dans les Vosges en plein hiver et elle y fut relevée,
rigueur du climat oblige, par les Francs-Tireurs du célèbre
colonel Fabien. |
Indépendance |
Après une courte période
durant laquelle la France fut surtout préoccupée d'elle-même
vint le temps des indépendances. De Gaulle, pour remercier l'Afrique
de sa loyauté durant la dernière guerre, la livra à
Jacques Foccart, son fameux conseiller et bras droit. C'est le temps
des "réseaux Foccart", des chefs d'État culs
et chemises, de la corruption, de la répression, de la gabegie,
des assassinats d'opposants célèbres ou de chefs d'états
trop démocratiques (Patrice Lumumba au Zaïre, Mehdi
Ben Barka au Maroc, Thomas Sankara au Burkina, par exemples).
Tous ces "faits d'armes", tout aussi honorables que le dynamitage
du Rainbow Warrior, se sont presque toujours déroulés avec
la participation d'agents français ou alliés. Le Congo n'échappa
pas à la règle mais, là encore, avec sa particularité.
Après quatre présidents et autant de coups d'état en
moins de 10 ans, le pays devient la République Populaire du Congo
en adoptant, comme Sao Tomé et Principé et plus tard
l'Angola, une orientation marxiste. La France avait failli à
sa tâche de grand frère, en pleine Guerre Froide. Elle se rattrappa
pourtant en maintenant des liens économiques et politiques étroits.
Le franc CFA, indexé sur le franc français, est par exemple
resté la monnaie du pays. |
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Deux assassinats de présidents
plus tard, le colonel Denis Sassou Nguesso arrive et se maintient
lors des deux élections suivantes, organisées dans le cadre
d'un monopartisme "populaire". Pascal Lissouba fut ensuite
élu, en 1991, sans doute légitimement, contre Sassou. Que
ceux qui ont toujours eu peur de la démocratie en Afrique se rassurent
: il n'est pas resté longtemps et a dû fuir son pays. Les
mauvaises langues racontent que c'est sa gourmandise qui lui a vallu ce
sort. Il avait peut-être cru qu'il pouvait diriger son pays comme
bon lui semblait. |
Les tenants et aboutissants
de cette guerre restent très confus pour d'humbles observateurs.
Qu'on en juge : la France, de par ses accords de défense avec le |
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Congo, était
un soutien officiel du régime Lissouba tandis qu'Elf, acteur
gouvernemental français bien connu dans la région, finançait
la guerre qui allait ramener Sassou au pouvoir et chasser le premier président
démocratiquement élu de ce pays. C'est l'avènement,
dans le sang, de Sassou II. |
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On reconnaîtra là le
bon-sens et la finesse de la politique africaine de la France, qui sait
qu'il ne faut jamais mettre tous ses ufs dans le même panier.
Il faut dire que Jacques Chirac, meilleur ami de l'Afrique entre
temps élu Président de la République Française,
avait eu l'heureuse idée de rappeler sous les drapeaux le désormais
gâteux Foccart comme conseiller spécial aux affaires
africaines à l'Elysée. On ne change pas une équipe
qui gagne. |
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Cela me fait
penser à ces réunions du RPR ndjaménois ou de je ne
sais quelle loge, au siècle dernier, il y a dix ans, qui rassemblaient
tout ce qui se comptait d'hommes influents dans la ville, du haut-fonctionnaire
français au commerçant syrien, en passant par l'officier supérieur
et le tenancier corse du casino--blanchisserie. |
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Cela rappelle
peut-être aussi, à une autre échelle, la constitution
en période de crise du gouvernement rwandais dans le bureau même
de l'ambassadeur de France, gouvernement qui allait prouver son efficacité
en organisant le génocide que l'on sait et par là-même
embarrasser beaucoup le Quai d'Orsay. |
Depuis la fin de la guerre,
les affaires ont repris. Sassou a troqué son uniforme de général
contre un costume Yves-Saint-Laurent et s'est proclamé "l'homme
de la réconciliation" puis celui du "Congo des grandes
ambitions". Ah, non ! Je confonds avec Paul Biya, du Cameroun. |
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Elf a été
fondu dans Total, ce qui en passant est bien pratique pour essayer
de faire oublier les malversations qui ont valu des peines de prison à
tous les dirigeants ou presque de ce fleuron de l'industrie française. |
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Et on a depuis peu du goudron
sur presque toutes les voies principales du centre-ville de Pointe-Noire.
Les Ponténégrins en sont très contents et ça
les aide à patienter, en attendant que des Chinois viennent s'occuper
de l'électricité et de l'eau courante. |
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Et nous, expatriés,
n'avons pas trop à nous plaindre. L'écrasante majorité
des Congolais, elle, attend un service de santé où il ne soit
pas obligatoire de payer avant même d'entrer, un service public d'éducation
qui fasse un peu plus que de donner l'illusion de fonctionner, une sécurité
sociale et une caisse de retraite qui ne se contentent pas de percevoir
des cotisations et qui reversent quelque chose à quelqu'un, un chômage
à moins de 50% et l'émergence d'une classe moyenne qui permette
à tous ceux qui ne sont pas cousins d'un ministre de sortir de leur
misère. Mais ils gardent presque tous le sourire... |
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Et pendant ce
temps-là, Jacques Chirac est reçu en triomphateur au Mali
par une foule à qui on a donné un jour férié
et qu'on a obligé d'être là, comme au bon vieux temps. |
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Et pendant ce temps-là,
les députés français font une loi qui reconnaît le "rôle positif de la présence française en
Afrique". Heureusement qu'ils l'on faite en France, cette loi,
parce qu'il ne fallait pas compter sur des Africains, même députés,
pour faire preuve de tant d'à-propos et de clairvoyance. |
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Cette politique
ne peut plus durer, pour l'Afrique évidemment mais aussi pour la
France. Il est urgent de donner un contenu aux déclarations de François
Miterrand au sommet de La Baule, selon lesquelles la France ne soutiendrait
plus ni chef d'état ni régime anti-démocratiques. Ces
déclarations, qui avaient soulevé des vagues d'espoir de chaque
côté de la Méditerrannée, sont restées
lettres mortes. Et les jeunes Africains qui, malgré tous les efforts
entrepris, accèdent à des niveaux d'études et de conscience
supérieurs, se détournent de la France. Avec raison. |
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